ENTREPREUCARIAT 2

I take this tasty word from Silvio Lorusso's book "Entreprecariat, everyone is an entrepreneur. Nobody is safe". I haven't read that book but few other articles. Like"The aesthetic of productive anxiety : Silvio Lorusso and the entreprecariat" in Digimag Journal 74. 
Contradictory to what one might believe, the role of being "one's own boss" is the current neoliberal form of social subjectivation. The artist is currently his own "human capital" in being the "entrepreneur of the self". Working is good, working is necessary and working is a way to express and validate yourself.
I feel my jaws acking.
Subjectivity and insecurity (or precarity) are directly interrelated: precarity is subjectivity's (pre)condition.
I depend on you, on a common, something not there, where my voice weave it-self to others.
What does it means to choose precarity?
Where everyone is concerned with becoming themselves, with self-realisation, self-improvement and other self-alienating techniques, attention shifts away from community building, organisation and strengthening of solidarity bonds between individuals.
Waiting to create more solidarities, my "Self" will go on uncoherent mode, actualisation of chaos and random productions.

 


ENTREPREUCARIAT 1

    Cela fait quelque temps déjà que je fais du bruxisme nocturne, production autonome si l'on peut dire. C'est par ces conséquences sur l'état de ma mâchoire et de mes gencives que je me suis rendu compte de la chose. De ce phénomène physiologique, je cherche la cause, la logique physique, comme si cela pouvait exister en tant qu'entité intelligible unique. Donc je fait de la cause une opération, probablement contradictoire, faite de réflexes innés (revenir à l'occlusion d'origine) multipliés par des mouvements symptomatiques (révéler une intériorité qui n'a besoin de sortir que quand ça va pas) (après tous ça pourrait être mon bien être qui fout mon corps en l'air et pas le stress ou la fatigue). La recherche de cette opération, non terminée à ce jour, aura eu déjà le mérite de me pousser à regarder notamment dans la structure où mon travail d'artiste se place. Voir si il n'y aurait pas aussi un muscle masséter trop tendu dans mon environnement professionnel, ou quelque chose que l'on pourrait nommer dysfonctionnement, terme finalement plus approprié à l'organisation du travail qu'à un corps.

    Le travail d'artiste (incluant son inscription dans le marché culturel occidental) est depuis quelque temps déjà l'archétype de cette fusion néolibérale entre travail et vie. L'artiste est "la figure du professionnel inventif, mobile, indocile aux hiérarchies, intrinsèquement motivé, pris dans une économie de l'incertain, exposé aux risques de concurrence interindividuelles"1. Même dans un cadre de travail salarié, le corps travaillant porte de plus en plus sur ces épaules "les fardeaux de l'incertitude lié au fonctionnement du marché"2, et "bon nombre des contingences et des contradictions que les organisations endossaient auparavant"3.

    Face à ces conditions, il faut pouvoir "composer avec l'incertitude, s'adapter à des changements inattendus"4. Élevé au rang d'atout économique, la vocation, en tant que potentiel de motivation pour affronter individuellement l'adversité, "sert désormais, à grande échelle, d'antidote aux incertitudes anxiogènes que fait naître le nouvel ordre économique et social"4. Et le bonheur, condition primordiale du corps travaillant, "permet de convertir plus facilement une logique relevant d'une économie politique en pratique personnelle, émotionnelle et corporelle."5

    Pas étonnant que je travaille sur le développement personnel.

1. Portrait de l'artiste en travailleur, Pierre-Michel Menger
2 à 5. Happycratie, Eva Illouz et Edgar Cabanas



INTRODUCTION

Comme toujours, je tourne autour. Parce qu'il n'y a pas d'entrée à ma mesure, parce que j'ai peur de rester coincé dans le cadre d'une porte qui s’avérera trop petite. Alors je lis encore, espérant que la somme des pages accumulées pourra faire office de savoir, que la solidité des mots écrits ici est relative aux nombres de signes lus. Et puis il y a cet espoir récurent de trouver dans chaque lecture la clé de ladite porte. Malgré les infortunes, l'espoir renait au prochain ouvrage, motif de motivation non négligeable. Les morceaux trouvés par ci par là pourront peut-être faire office de clé. Dans tous les cas, c'est dans l'écriture que ça se vérifie. 

(Cette introduction est valable pour tous les articles)