FIN de PARTIE

un site mis à neuf= www.renaudhelena.com

un nouveau blog= le mythe des profondeurs

"Mettre à plat,une praxéologie de l'erreur"
Un mois et quelques interventions au lycée Jules Fil de Carcassonne. Je m'éloigne un peu pour constituer un nouveau dossier et rafraichir mon site web.
AIRE DE REPOS
au L.A.C. de Sigean
du 10 octobre au 8 novembre

Une semaine aprés,
Atterrissage maitrisé, peut-être un peu trop même...







trois pas de recul à 200 à l'heure, je maintien le cap, attérissage dans une semaine.

une fois suspendus

mes sentiments tranchent

à coté de la plaque

pour un coup de fil qui ne vient pas

deux expos, aux médiathèques à PLN et à Sigean
un premier pas en attendant le grand saut ou le grand sot


je me répète, mais c'est un constat qui au fur et à mesure me laisse libre d'apprécier les faits. Alors voici la ritournelle, le temps me manque, et finallement, de cette précipitation, de se manque de maturation, je produit spontanement, je ne me pose pas trop de questions conceptuelles, je m'attache à rester sur la corde qu'il me reste, le sensible et l'intuition. Alors voilà, l'opération s'est faite. Urban Warp Gear, un dénomination pour les tressages que je faisais il y un an (>ici) et ma passion pour le métier à tisser, créer une trame, un tissu. Ici la surface existe déjà, je l'effile, cela ressemble à une machine à tisser, mais ce n'est rien, juste une installation dans l'espace, la surface, un toile cirée sur une table qui s'échape et va devenir un tressage, en face d'une grande peinture de Piet Moget. Le rouge sur blanc.
On peut sentir là un peu de mon gout pour la toile cirée, une certaine jouissance, et alors, là on dira que je suis les pas de Eran Schaerf. Sans l'aspect discursif, faute de temps, et c'est bouclé.





déposer les armes

expo à la médiathèque de PLN

Finalement, le temps passé à travailler ces photos m'ont au moins permis de mieux les apprécier, je ne sais pas encore si je considère cela comme mon travail mais bon, parfois ce n'est pas vraiment moi qui decide...



série Sans titre (masque)/ 18 photographies 34x46

quatrième couche


puisque je viens de terminer le communiqué, c'est beaucoup de mousse évidement....

Cette exposition témoigne de l'évolution d'un geste artistique et d'une démarche qui, au fur et à mesure des expériences menées avec les élèves lors des interventions, se sont transformés et synthétisés. De la découpe d'une surface apparaissent des formes qui se développent dans l'espace engageant le spectateur dans le processus de construction des oeuvres pour en élaborer le sens.

Les formes s'ouvrent pour le temps d'une exposition. Mais l'artiste laisse les volumes reposer sur leurs poids. Alors ce qui fait image s'affaisse comme pour connoter un rapport de tension avec la pesanteur du réel. Décor de théâtre ou table de camping pliable, les surfaces découpées s'articulent et se déposent, contre un mur ou à même le sol, créant ainsi durant leurs repos de nouvelles formes et de nouvelles images.

Le L.A.C. se fait aire de repos. Cette magnifique cave viticole transformé en lieu d'exposition nous invite à vivre une parenthèse ouverte sur le bord des chemins. Les travaux de Renaud Helena possèdent une esthétique empreint d'une banalité qui laisse percevoir la faille de ces espaces publics anonymes, ses limites et ses bords comme autant de possibilités d'accès et d'issue. Alors derrière la surface, on peux tracer de nouvelles conduites, un déplacement trouble jusqu'aux imaginaires.

troisième couche

avant de retrousser mes manches, quelques lettres volées, corpus de réflections dérivant sur les territoires de la sociologie, mais qu'importe... cela peut devenir matière plastique au final.

Aire de repos, de l'espace public à l'espace privé: une histoire de superposition.

"L'emplacement est défini par les relations de voisinages entre points ou éléments(...). Ce problème de l'emplacement, c'est aussi le problème de savoir quelles relations de voisinages, quel type de stokage, de circulation, de repérage, de classement des éléments humains doivent être retenus de préférences dans telle ou telle situation, pour venir à telle ou telle fin" (Foucault)

"...il y a des parcours, les trajets qui relient les espaces entre eux. D'une ballade à pieds,(...) au trafic interurbain d'une "masse" automobile contribuant à masquer ses écarts de conduite sur l'aire d'autoroute, le déplacement trouble jusqu'aux imaginaires." (Laurent Gaissad)

"...pour investir l'espace dans ses limmites, ses bords comme autant de possibilités d'accés et d'issues: s'isoler en ses lieux de passages, c'est aussi s'exposer au opportunités et aux changements, si ce n'est aux risques."(idem)

"(...) elles (les hétérotopies précaires) ont pour rôles de créer un espace d'illusion qui dénonce comme plus illusoire encore tout l'espace réel, tous les emplacements à l'intérieur desquels la vie humaine est cloisonnée(...). Ou bien, au contraire, créant un autre espace, un autre espace réel, aussi parfait, aussi méticuleux, aussi bien arrangé que le nôtre est désordonné, mal agencé et brouillon. Ce serait l'hétérotopie non pas d'illusion mais de compensation, et je me demande si ce n'est pas un petit peu de cette manière-là qu'ont fonctionné certaines colonies." (Foucault)

prototype





Seul mon petit neveux peut s'assoir dessus mais là il regarde un dessin animé.

deuxième couche



Parlons d'autre chose, de quelqu'un d'autre, de Suzanne Lafont, dont je ne souvient plus le lien avec mon travail, si ce n'est ce texte qu'elle a écrit, quelque part, je récupère les mots et la belle langue et j'intitule le tout:

Pour un plaidoyer en faveur de la mise en scène

"Peut-être le théatre est-il le spectre qui hante l'art moderne, le refoulé, et donc le revenant, de toutes les théories modernistes affirmant l'anti-illusionisme et l'autonomie de l'oeuvre comme condition sine qua non de son appartenance à la sphère artistique. Le théâtre, lorqu'il refuse la dramaturgie classique, avec sa prééminence du texte, sa scène-miroir et son acteur-reflet du spectateur, ouvre un espace intermédiaire entre les diverses formes d'art, une scène ambivalente où le coté artificiel, emphatique et outré du jeu retrouve une étrangeté non-codifiée où le manièrisme distancié et le refus de l'empathie engagent le spectateur dans le processus de construction du sens et où les dimmensions réelle et fictionnelle de l'oeuvre se renforcent mutuellement."

Première couche




Prototype en cours de lancement.
Décolage prévue pour demain. avec communiqué de presse.
Le MDF à 10mm semble un peu léger pour s'y asseoir dessus.
Je ne pense pas que le 12mm change grand chose.
Donc et si on ne s'asseyait pas?

explication et repliement


Le MDF et les charnières
La pratique du découpage a repris son cour. L'apparition de nouveaus matériaux (contreplaqué et MDF= médium) ont transformé ma façon de travaillé, mais j'ai tout de même voulu garder la contrainte telque je l'ai énoncé depuis le début= ne jamais retirer un morceau de la surface. Le MDF impliquera un autre geste, l'éphémère a disparu avec le papier et la bâche. Aucune place n'est laissé au hazard (enfin tant que se peut), la surface a un poid et une épaisseur, je travaille comme un menuisier. Les propriétés du matériaux m'ont obligé à concevoir des formes plus simples à découper. Le MDF ne se plit pas. Il est donc clair que de la règle d'origine (ne découper jamais en deux) il ne reste que le concept, ce qui produit la forme finale. Avec le MDF, je dois retirer chaque morceaux pour les relier ensuite avec des charnières. Les charnières ont donc remplacé les plis. De plus, la résistance du MDF permet de créer des objets pratiquables par l'homme (table, chaise) (on est donc en plein dans le design).

Donc la molesse de la bâche fait place à un matériau qui ne laisse pas la gravité imposer ses lois. L'image peut se coller à la surface, il ne s'agit plus d'une ombre fragile. Cepandant, la découpe du MDF et le montage des charnières permettent à la pièce de "s'articuler" (notion que j'ai eu beaucoup de difficulté à dévelloper avec la bâche) La sculpture (et oui c'est dit) à plusieurs états: position allongée, (a plat) position assis (l'objet apparait) et position repliée (pour prendre moins de place).

Cette manipulation donne aux pièces des qualités fonctionnelles (transportable, adaptable) mais avant toutes elles sont transformable, comme si le geste de réalisation n'était jamais terminé. C'est un objet en devenir, qui peut soit être image (à plat) soit objet fonctionnel, soit volume abstrait. Seul se balancent toujours les traces, les négatifs, les découpes qui vont faire passer le rectangle en planche puis en assise de banc.

La valise en plastique rouge
J'aime cette fraiche inoncence à vanter les mérites techniques de nouveaux produits (parceque l'on est pas loin du produit). Cela me rapelle cette scène de repas, où aprés avoir aidé une amie à déménager, son père nous amène dans une valise en plastique rouge, la table de camping qu'il avait du acheter dans sa jeunesse.
Tout en observant comment de la caisse pouvait sortir les quatres chaises, nous l'écoutions déballer toutes ces anecdotes glanées années aprés années au travers de ses multiples campings. Sa femme avait d'ailleurs cassé un des montant d'un tabouret (ce n'était pas des chaises). Je n'ai pas les dons de compteur, mais je ressent aussi cet émerveillement chaque fois que je pli et déplis mes objets. Cette joie toutes bête de voir apparaître un objet comme par magie. Ce sont généralement des formes simples, qui n'ont pas pour but elles-même de décorer ou de se transformer à tour de magie. Ce sont des objets qui se font oublier, qui remplissent leurs fonctions et qui disparaissent une fois terminé.
Cela rejoint un peu les sculptures de voyage de Duchamp, le rapport à l'oeuvre d'art en tant qu'objet utile. (à ceci prés que mes objets sont réellement utile, on est donc plus dans le design)

Aire de repos contre aire au repos?

La situation géographique isolée du LAC et le thème de l'aire de repos correspondent parfaitement mais cela est du pur hazard. Surtout que l'aire de repos n'est pas le thème, je ne veux pas de thème pour éviter tout enfermement. Je suis dans un rapport au volume où la représentation rentre peu en jeux, presque en portafo (je sais pas comment ça s'écrit).
Aire au repos donc plus. Ces surfaces de MDF que j'ai découpées et réassamblées. Que je dépose en équilibre, simplement adossées à une colonne, un mur, ou encore retombée par terre. Voir la surface dans ses états, au repos, comme une marionnette que l'on aurrait rangée. Et ainsi mettre l'accent sur le poids, l'équilibre et la tension, donnés qui sont à même de manifester la présence de l'oeuvre.
L'aire de repos m'interresse car son esthétique de non-lieu, pauvre et fonctionnelle, correspond à l'esthétique de la table de camping. Je suis bien évidement séduit par cette poésie de la banalité. Mais je ne voudrait pas non plus enfermer la forme dans une mise en scène. Comme le dit Bruce Bégout, il faut contredire en bloc le lyrisme des choses quelconques, la poétique du banal, la célébration pleine de sensiblerie des petits riens, dans lequel se complaisent ceux qui s'occupent du monde quotidien. A la même manière que Valérie Mréjen révèle le vide qui habite nos échanges, avec une parfaite précision et un point de vue juste, intéligent et fin. Je voudrais aussi, comme j'ai réussi avec Sans titre (manuel) rendre perceptible, l'étrange vide, cette notion d'être nulle part, et de participer à ce nulle part lorsque qu'on est sur une aire de repos. C'est finalement ce qui se passe aussi dans un espace d'exposition.
Donc plus que mise en scène, je parlerais de mise en abîme dans la mesure où l'espace d'exposition de propose pour les personnes qui y rentrent de pratiquer les gestes qui y sont conformes.


De la clandestinité

L'aire de repos n'est qu'une surface, et sa particularité est qu'elle en cache d'autres, enfin une autre. Des comportements et publics diffèrent selon le temps. Comme les parcs, les parkings et les chiottes, les aires de repos sont les seuls lieux publics qui grâce aux homos peuvent offrir un espace de marginalité, de rapports sociaux complètements reformulés et débridés.
Cette clandestinité me fascine d'autant plus que je suis gay. Mais je n'ai jamais fréquenté ces lieux pour cela. Je partage donc comme la plus part des gens une certaine méconnaissance. Cet évidement que cela doit insufler mon désir de traiter du sujet. Mais pour l'instant je ne sais trop comment. Si la mise en scène/abime, joue à reconstituer une aire de repos dans le lieu d'exposition, alors il n'y a rien à rajouter. Le WC du LAC sont trés bien...
Peut être délimitter des recoins, des cachettes, une géographie propice pour pouvoir sucer des bites pendant le vernissage...

Et Morris alors?
OUi il clair que la question se pose tant le LAC est un temple du minialisme avec quelques ex-voto du saint des saint découpeur = Robert Morris.
Alors je ne dirais qu'une chose parceque mes mains commencent à avoir un peu mal. Je ne souhaite pas m'identifier ou me placer par rapport aux Pères pour l'unique raison de béncéficier d'un bout de reconnaissance au travers de l'histoire de l'art. Des minimalistes je garde précieusement les gestes, disons plutôt les verbes (découper, placer, poid, équilibre) mais pour ce qui est du reste. Si au final les pièces s'apparentent à une esthétique minimaliste, ce n'est que fortuit, j'arrive d'un autre chemin.

prises de vue sommaires....







Sans titre (kiosque) maquette


Sans titre (belvédère) maquette

Monter au cieux



Voilà, la journée est donc sous le signe désopilant de ces humeurs aussi lourdes que le temps, plombant avec le soleil l'espoir d'un brin de fraîcheur pour le moral. Bref au diable la rhétorique, c'est une journée de merde.
Mais voici donc que au moins, j'ai pu mettre un nom sur un (et ici une) de ces artistes dont je parlais précédemment. Ceux qui dans le processus suivent la même filiation que moi, à savoir les pas du Professeur Masahiro Chatani. Elle s'appelle Ingrid Siliakus et elle est donc Architecte de Papier/ artiste (en anglais dans le texte) et son site est ici.

Donc faute de ne trouver avec Papa Judd, Papa Morris et les autres de quoi poser mes pieds, je peux au moins définir où je ne les poserais pas. Dans les territoires que (avec la peur d'un jugement trop hatif) Ingrid a donc choisi, une forme qui s'éloigne terriblement du processus, de ce qui peut faire sens à mon avis. Car si elle énonce la contrainte et les difficultés propre à ce travail, ce n'est que pour valoriser le talent et l'expertise formelle dont ces pièces (ça au moins on ne peut pas le lui enlever) témoignent. La représentation n'a donc pas vraiment bougé, elle suit le chemin tranquille de l'académisme et du décoratif pour terminer avec les invitations pour mariages.


Et oui, cela complète la tour eiffel en allumette... Mais, dans une production artistique contemporaine qui se joue des styles, des registres de représentations, la destination de l'oeuvre entre galeries et bureau de tabac n'est pas forcement si évidente. Alors allons plus loin. Il ne s'agit donc plus de distinguer qu'es-ce une pratique noble et une pratique pauvre, il ne s'agit plus d'incanter les vieux mythes des avants gardes et de prôner l'originalité à tout prix.

Ingrid répond pour l'instant à tout ces critères quoi qu'on en dise, mais pourquoi mes poils se hérissent quand je vois son travail? Et bien à la différence d'un geste comme je ne sais plus qui (oups) qui achète des tableaux du dimanche sur les brocantes pour les mettre dans la galerie, le geste d'Ingrid semble dénuée d'intentions, comme si l'esthétique venait consensuellement tout justifier.

Les préceptes de la transparence post-moderne touchent à leurs fins, il ne s'agit plus maintenant de tout déconstruire, ni de concevoir un rapport à l'oeuvre dans la distance réflexive de sa place dans le monde. Mais le travail d'Ingrid n'est pas non plus dans la fraîche mouvance du réenchantement.

Je suis entrain de penser que j'aurais beau m'étaler aussi longtemps que je le peux, il y aura toujours un Super Commissaire qui un jour trouvera bon de piocher dans la production d'Ingrid Siliakus et intronisera le "genre" dans le sanctuaire de son musée aprés avoir fais une canonisation de la sainte en bon uniforme. Alors si la parole peut recouvrir plus ou moins tout en fonction des espaces symboliques que l'on maitrise, je construit ma parole autour de mon espace, de ma production.

Et je vais garder ce petit paradoxe pour la fin, je m'insurge violemment contre la production d'Ingrid (un peu comme Don Quichotte)(parce que c'est clair que c'est des enfantillages) mais comme c'est le regard et la parole qui font le reste, je veux bien boire du vin béni et l'osti de l'institution, au moins pour croire que moi aussi, je pourrais un jour monter au cieux.
dans une semaine je vais donc devoir présenter mon projet d'expo au LAC. Il reste encore beaucoup à faire.
une première approche:



Sans titre belvédère (maquette)

Sans titre abris (maquette)


Et la table de camping en quatre versions:



surface de repos

Les idées arrivent. Certaines vont laisser la place à d'autre. De cette apparente approche de l'objet, table de camping, j'en reviens à l'aire de repos qui scinde en un, le nom lieu, le vide, l'espace où les comportements normaux s'évapore pour laisser les gens vivre leurs aventures, surtout nocturnes évidement, et homosexuelles cela va sans dire.

De plus, le terme d'aire de repos revoie à une notion de surface, surface qui est à l'origine de toutes les formes produites et de la génèse du processus. Le repos renvoie lui au poid en premier lieu, la loi de la gravité est toujours présente, même si les matériaux lui résistent plus, ils sont lourd (le MDF est trés lourd), et leurs poids nécessite un tuteur pour les maintenir debout, les murs, et les piliers présents dans l'espace.