explication et repliement


Le MDF et les charnières
La pratique du découpage a repris son cour. L'apparition de nouveaus matériaux (contreplaqué et MDF= médium) ont transformé ma façon de travaillé, mais j'ai tout de même voulu garder la contrainte telque je l'ai énoncé depuis le début= ne jamais retirer un morceau de la surface. Le MDF impliquera un autre geste, l'éphémère a disparu avec le papier et la bâche. Aucune place n'est laissé au hazard (enfin tant que se peut), la surface a un poid et une épaisseur, je travaille comme un menuisier. Les propriétés du matériaux m'ont obligé à concevoir des formes plus simples à découper. Le MDF ne se plit pas. Il est donc clair que de la règle d'origine (ne découper jamais en deux) il ne reste que le concept, ce qui produit la forme finale. Avec le MDF, je dois retirer chaque morceaux pour les relier ensuite avec des charnières. Les charnières ont donc remplacé les plis. De plus, la résistance du MDF permet de créer des objets pratiquables par l'homme (table, chaise) (on est donc en plein dans le design).

Donc la molesse de la bâche fait place à un matériau qui ne laisse pas la gravité imposer ses lois. L'image peut se coller à la surface, il ne s'agit plus d'une ombre fragile. Cepandant, la découpe du MDF et le montage des charnières permettent à la pièce de "s'articuler" (notion que j'ai eu beaucoup de difficulté à dévelloper avec la bâche) La sculpture (et oui c'est dit) à plusieurs états: position allongée, (a plat) position assis (l'objet apparait) et position repliée (pour prendre moins de place).

Cette manipulation donne aux pièces des qualités fonctionnelles (transportable, adaptable) mais avant toutes elles sont transformable, comme si le geste de réalisation n'était jamais terminé. C'est un objet en devenir, qui peut soit être image (à plat) soit objet fonctionnel, soit volume abstrait. Seul se balancent toujours les traces, les négatifs, les découpes qui vont faire passer le rectangle en planche puis en assise de banc.

La valise en plastique rouge
J'aime cette fraiche inoncence à vanter les mérites techniques de nouveaux produits (parceque l'on est pas loin du produit). Cela me rapelle cette scène de repas, où aprés avoir aidé une amie à déménager, son père nous amène dans une valise en plastique rouge, la table de camping qu'il avait du acheter dans sa jeunesse.
Tout en observant comment de la caisse pouvait sortir les quatres chaises, nous l'écoutions déballer toutes ces anecdotes glanées années aprés années au travers de ses multiples campings. Sa femme avait d'ailleurs cassé un des montant d'un tabouret (ce n'était pas des chaises). Je n'ai pas les dons de compteur, mais je ressent aussi cet émerveillement chaque fois que je pli et déplis mes objets. Cette joie toutes bête de voir apparaître un objet comme par magie. Ce sont généralement des formes simples, qui n'ont pas pour but elles-même de décorer ou de se transformer à tour de magie. Ce sont des objets qui se font oublier, qui remplissent leurs fonctions et qui disparaissent une fois terminé.
Cela rejoint un peu les sculptures de voyage de Duchamp, le rapport à l'oeuvre d'art en tant qu'objet utile. (à ceci prés que mes objets sont réellement utile, on est donc plus dans le design)

Aire de repos contre aire au repos?

La situation géographique isolée du LAC et le thème de l'aire de repos correspondent parfaitement mais cela est du pur hazard. Surtout que l'aire de repos n'est pas le thème, je ne veux pas de thème pour éviter tout enfermement. Je suis dans un rapport au volume où la représentation rentre peu en jeux, presque en portafo (je sais pas comment ça s'écrit).
Aire au repos donc plus. Ces surfaces de MDF que j'ai découpées et réassamblées. Que je dépose en équilibre, simplement adossées à une colonne, un mur, ou encore retombée par terre. Voir la surface dans ses états, au repos, comme une marionnette que l'on aurrait rangée. Et ainsi mettre l'accent sur le poids, l'équilibre et la tension, donnés qui sont à même de manifester la présence de l'oeuvre.
L'aire de repos m'interresse car son esthétique de non-lieu, pauvre et fonctionnelle, correspond à l'esthétique de la table de camping. Je suis bien évidement séduit par cette poésie de la banalité. Mais je ne voudrait pas non plus enfermer la forme dans une mise en scène. Comme le dit Bruce Bégout, il faut contredire en bloc le lyrisme des choses quelconques, la poétique du banal, la célébration pleine de sensiblerie des petits riens, dans lequel se complaisent ceux qui s'occupent du monde quotidien. A la même manière que Valérie Mréjen révèle le vide qui habite nos échanges, avec une parfaite précision et un point de vue juste, intéligent et fin. Je voudrais aussi, comme j'ai réussi avec Sans titre (manuel) rendre perceptible, l'étrange vide, cette notion d'être nulle part, et de participer à ce nulle part lorsque qu'on est sur une aire de repos. C'est finalement ce qui se passe aussi dans un espace d'exposition.
Donc plus que mise en scène, je parlerais de mise en abîme dans la mesure où l'espace d'exposition de propose pour les personnes qui y rentrent de pratiquer les gestes qui y sont conformes.


De la clandestinité

L'aire de repos n'est qu'une surface, et sa particularité est qu'elle en cache d'autres, enfin une autre. Des comportements et publics diffèrent selon le temps. Comme les parcs, les parkings et les chiottes, les aires de repos sont les seuls lieux publics qui grâce aux homos peuvent offrir un espace de marginalité, de rapports sociaux complètements reformulés et débridés.
Cette clandestinité me fascine d'autant plus que je suis gay. Mais je n'ai jamais fréquenté ces lieux pour cela. Je partage donc comme la plus part des gens une certaine méconnaissance. Cet évidement que cela doit insufler mon désir de traiter du sujet. Mais pour l'instant je ne sais trop comment. Si la mise en scène/abime, joue à reconstituer une aire de repos dans le lieu d'exposition, alors il n'y a rien à rajouter. Le WC du LAC sont trés bien...
Peut être délimitter des recoins, des cachettes, une géographie propice pour pouvoir sucer des bites pendant le vernissage...

Et Morris alors?
OUi il clair que la question se pose tant le LAC est un temple du minialisme avec quelques ex-voto du saint des saint découpeur = Robert Morris.
Alors je ne dirais qu'une chose parceque mes mains commencent à avoir un peu mal. Je ne souhaite pas m'identifier ou me placer par rapport aux Pères pour l'unique raison de béncéficier d'un bout de reconnaissance au travers de l'histoire de l'art. Des minimalistes je garde précieusement les gestes, disons plutôt les verbes (découper, placer, poid, équilibre) mais pour ce qui est du reste. Si au final les pièces s'apparentent à une esthétique minimaliste, ce n'est que fortuit, j'arrive d'un autre chemin.