je peux sentir encore son odeur sur ma peau, mes mains, les draps. Un parfum enivrant de sueur, de sperme et de cul. Cette odeur me transperce, c'est la seule qui pèse. Je la sens arriver parce qu'elle me caresse les narines, déploie ses mains jusque dans mon cerveau pour le réchauffer. Je suis, je me sens, une odeur fusionné de nous deux.
Je tremble et vacille quand l'acidité de la sueur vient ronger les derniers liens. Les cordes de nerfs tendues de ma raison. Je me dissout peu à peu. Mes pieds se ramollissent et laissent s'écrouler au sol la masse fantomatique de mon corps. Un bruit sourd. J'ai laissé derrière moi s'évanouir les dernières lumières, les derniers bruits. Je coule doucement, l'épaisseur de l'obscurité me tient chaud.
La table où je suis en ce moment vient de faire le chemin de la cave au grenier. La planche de bois s'est fendue en deux et chaque partie a décidé, un jour de grande humidité, de ne plus converger. Un tapis à découper vert et quadrillé de lignes blanches, une pile de feuille et la lampe que Tom m'a donné. Sa petite tête éclaire la poussière amassée sur son grand pied noir.
L'éponge est tombée. Un verre de bière. Philippe ne devrait pas tarder.